Biodiversité

Le constat sur la biodiversité

« Le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier », constat de l’IPBES (1) en 2019.

L’enjeu de la biodiversité concerne évidemment tous les acteurs, dont les entreprises.

1. Une biodiversité fortement menacée sur tous les territoires

Un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction dans le monde (plus de 40 % des amphibiens, 1/3 des récifs coralliens et 1/3 des mammifères marins. Cette extinction rapide et massive est une menace à terme pour l’humanité.

Le réchauffement climatique impacte les milieux : il entraine notamment la migration de populations d’espèces vers des latitudes et des altitudes plus élevées, en perturbant les périodes de reproduction des espèces migratrices.

En Europe, la superficie des écosystèmes naturels est en diminution constante (ex : la superficie des zones humides a diminué de 50 % depuis 1970) et parmi les espèces vivant exclusivement en Europe et en Asie Centrale, 28 % sont menacées.

En France, les dunes, tourbières, habitats côtiers sont sous pression. Moins de 10 % d’entre eux sont dans un état de conservation favorable. La France, notamment via son Outremer est un des 10 pays abritant le plus grand nombre d’espèces menacées (1235 espèces).

2. une déforestation accélérée

En 25 ans, de 1990 à 2015, la FAO (0rganisation pour l’Alimentation et l’Agriculture de l’ONU) indique une réduction de la superficie mondiale de forêt de 129 millions d’hectares, soit 2 fois la superficie de la France !, avec pour cause principale le développement de la production agricole et de l’élevage, puis la production de bois et de papier.

En 2013, l’Europe a représenté 39 % de la déforestation mondiale importée, par ses consommations de matières premières agricoles et forestières.

L’empreinte de la France sur la déforestation importée représente une surface égale à la moitié de la surface agricole française.

3. Les facteurs d’impact négatifs sur la biodiversité

Depuis 50 ans, les facteurs d’érosion de la dégradation de la biodiversité sont :

  • Les changements d’usages des terres et de la mer (75 % des ressources en eau douce seraient aujourd’hui destinées à l’agriculture ou l’élevage, selon IPBES).
  • La surexploitation des ressources
  • Le changement climatique
  • La pollution (multiplication par 10 de la pollution par les plastiques depuis 1980)
  • Les espèces exotiques envahissantes

En France la principale menace est liée à la dégradation des sols et à leur artificialisation. Sur ce dernier point, les entreprises ont un impact significatif.

4. Les risques liés à la biodiversité

La perte de biodiversité est un des 5 risques les plus menaçants pour l’humanité.

A l’échelle mondiale, les services « naturels » apportés par les écosystèmes (services écosystémiques) se dégradent, ex : la pollinisation. Un des enjeux est d’estimer la valeur économiques de ces services, pour convaincre d’en assurer l’intégrité .

 

5. Une prise de conscience et des moyens pour protéger la biodiversité

De nombreuses conventions d’ampleur plus ou moins large ont été signées ces 50 dernières années. En 2015, dans le cadre de l’agenda 2030 de l’ONU, 17 objectifs de développement durable ont été fixés ; 2 d’entre eux concernent explicitement la biodiversité. L’ODD14 vise l’exploitation des durables des milieux marins, et l’ODD 15 vise la préservation et la restauration des écosystèmes terrestres. Plus largement, le maintien de l’état de la biodiversité est un enjeu pour une dizaine des ODD.

En Europe, les premières directives « Oiseaux » et « Habitat » ont conduit à la création du réseau Natura 2000 en 19992.

La stratégie Biodiversité » de l’UE a été lancée en 2011, avec 6 objectifs et 20 actions visant à rétablir la biodiversité de l’UE avant 2050.

L’UE a également concrétisé en 2019 ses engagements de lutte contre la déforestation.

En France, le législateur a produit plusieurs lois depuis 1976 (protection de la nature), dont la loi du 8 aout 2016 sur la biodiversité, la nature et les paysages.

Face à la menace de perte de biodiversité, la France s’est dotée depuis 2011 d’une « stratégie nationale pour la biodiversité » relayée depuis juillet 2018 par le plan biodiversité intitulé « Reconquérir la biodiversité, une question de survire pour nos sociétés ».

Ainsi de nouvelles exigences s’imposent désormais aux acteurs économiques, dont en particulier l’objectif d’absence de perte nette de biodiversité.

6. Le cadre français

En France, le cadre actuel s’appuie sur :

– Le plan national biodiversité de Juillet 2018. Ce plan comporte 6 grands axes regroupant environ 90 mesures :

  • Axe 1 – Reconquérir la biodiversité dans les territoires ;
  • Axe 2 – Construire une économie sans pollution et à faible impact sur la biodiversité ;
  • Axe 3 – Protéger et restaurer la nature dans toutes ses composantes ;
  • Axe 4 – Développer une feuille de route européenne et internationale ambitieuse pour la biodiversité ;
  • Axe 5 – Connaître, éduquer, former ;
  • Axe 6 – Améliorer l’efficacité des politiques de biodiversité.

– La stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée 2018-2030

– La stratégie nationale de transition écologiques vers un développement durable 2015-2020

– La feuille de route française pour les ODD

En Pays de la Loire, le Conseil Régional et l’Etat ont élaboré une stratégie régionale pour la biodiversité 2018-2023, qui comporte 7 enjeux dont un (enjeu 4) s’adresse plus spécifiquement aux entreprises : « Promouvoir la compétitivité économique liée à la biodiversité ».

En savoir plus
Pourquoi la biodiversité est un enjeu pour les entreprises ?

Pour exercer leurs activités, les entreprises utilisent le patrimoine naturel, directement ou indirectement, et on ainsi un impact sur la biodiversité : impacts liés aux infrastructures et aux sites, impacts liés au cycle de vie des produits, impacts liés aux échanges commerciaux (espèces invasives, pollution, surexploitation des ressources).

Le Plan national Biodiversité identifie 4 filières à fort impact sur la biodiversité :

  • Agroalimentaire
  • Bâtiment et matériaux
  • Chimie
  • Energie « Interdépendance » est le maitre -mot pour caractériser la relation entre entreprises et biodiversité :
  • Toutes les entreprises, quel que soit leur taille et leur activité dépendent de la biodiversité et l’impactent ; raison pour laquelle il est essentiel que les entreprises agissent afin de limiter les risques liés à la perte de biodiversité :
  • risques écologiques : risques opérationnels qui découlent de la dépendance des entreprises à l’égard des ressources, de leur qualité et de leur rareté.
  • risques en matière de responsabilité : poursuites judiciaires croissantes ;
  • risques réglementaires : restriction par les pouvoirs publics de l’accès aux ressources et aux terres
  • risques de réputation : boycotts
  • risques de marché :
  • risques financiers : augmentation des assurances ; difficultés d’accès aux capitaux
Sous un angle positif, la lutte pour la préservation de la biodiversité peut être une source d’innovation pour les entreprises, et pour les territoires (développement de nouvelles filières).

Développer la notion de service associée à la biodiversité.

Comment engager une action en entreprise ?

– S’informer sur la biodiversité : en consultant le guide pour l’action «  entreprises engagées pour la nature -Act4 Nature France »

-Faire un état des lieux de ses interdépendances avec la biodiversité, en choisissant l’outil le mieux adapté à chaque entreprise (2) avec l’arbre de décision GOBIODIV+ pour :

  • Recenser ses engagements préexistants en faveur de la biodiversité
  • Cartographier ses dépendances à la biodiversité
  • Analyser l’impact de ses activités sur la biodiversité
  • Identifier les contributions positives de ses activités sur la biodiversité
  • Prioriser ses enjeux prioritaires